vendredi 6 juillet 2012

Les hémisphères s'affairent


Les vacances arrivent, chérie, n'oublie pas ton short, celui qui à la perfection moule ton cul fabuleux, allonge tes jambes, laisse voir les petites rondeurs moelleuses qui bordent tes fesses. Qu'importe la matière, qu'importe la couleur, n'oublie pas d'emporter ton short.
Car il se pourrait bien que la vue de ton éminence fasse naître une proéminence qui en dit long sur la séduction muette mais parfois éloquente de ta croupe.
Que jamais miches dodues ne se parent d'une jupe-culotte, il y aurait là crime de lèse-nature. La jupe-culotte n'appelle pas la pattecroche. Attention, je ne parle pas de la vulgaire main aux fesses lancée par un goujat, celle de l'inconnu indésiré et mal venu, le coup de butor qui espère asséner des coups de boutoir sans avoir auparavant gagné l'approbation de la belle ou encore la touchette d'un tripoteur du métro. La jupe-culotte concentre tous les inconvénients esthétiques autant que pratiques du vêtement féminin. Trop long, trop large par le bas, engonçant par le haut, rejet explicite de tout érotisme. Même le vent refuse de s'engouffrer sous une jupe-culotte.
Tandis que le short, même s'il ne dévoile pas la culotte ou le string par une facétie de la tramontane, attire le regard, le regard d'un qui est raffiné, celui d'une fine bouche. Qui voue un culte au beau, qui voue un culte au beau cul.
Chéries, si vous oubliez vos shorts, cet été, sur la plage, je n'oublierai pas mon livre. Celui qui me vengera de votre étourderie ou de votre méchanceté et je pourrai me repaître de tout un tas d'histoires de cul. Dix-sept au total. Oh ! Rien de scabreux, rassurez-vous.
Des histoires de cul et de cœur, comme si le chemin le plus direct pour toucher le cœur passait par le fessier. Dix-sept histoires d'amours. Dix-sept histoires de filles sublimes. L'homme y est souvent un être doux, réservé, timide, attentionné, soucieux du bonheur de celle qu'il admire, ce que devrait être tout homme. Finalement, on se rend compte que l'homme n'est un homme que grâce à l'amour qu'il porte à la femme qu'il aime. 
A parler « histoires de cul », je vous sens haletant. Le livre en question, qu'il ne faut pas oublier de glisser dans son sac cet été, s'intitule Diane et autres stories en short et est signé Christian Laborde. Et comme dans tous ses romans, il y fait chaud.
Les Anglo-saxons nomment « short stories » ce que les francophones appellent « nouvelles » et  l'auteur a décidé de mettre en scène des corps de femmes, et particulièrement, de ces corps, cette portion qui ne leur sert pas qu'à s'asseoir, et qui plus est, vêtue d'un short. Il pourrait s'agir à première vue d'un hymne érotique à cet astre joufflu ensorcelé de lune* cher à Nougaro. Erotisme, le mot est lâché, mais il ne faut se méprendre, il ne s'agit pas d'autre chose que d'amour, car on ne s'arrête pas au corps.
A l'anonymat d'une relation furtive entre deux inconnus, à l'immédiateté du désir à consumer dans la bestialité de l'urgence, au rituel cent fois réitéré à travers un scénario immuable, Laborde donne la primauté au sentiment.  
Christian Laborde est un menteur qui dit vrai, comme tous les grands écrivains, parce que certaines de ses héroïnes portent le pantalon au lieu du short contractuel, et parce que parlant d'érotisme, il parle d'amour, qui en est la stricte définition.

Diane et autres stories en short, Christian Laborde, Ed. Robert Laffont (2012). 16,50 €.
* Le K du Q – Claude Nougaro (1978).