samedi 1 janvier 2011

Le soleil m'a oublié

Des coups, il en est de toutes sortes. Ceux des boxeurs. Le boxeur, solidement planté sur ses jambes, danse, virevolte, tourne sur lui-même. Il lutte contre l'ivresse. Il balance, et au détour de son ballet, balance des coups, une grêle sur l'adversaire ou sur le sac d'entraînement.
Des coups dans la gueule, des coups au foie, et puis des coups au cœur qui ont la force de la foudre.
Lequel de tous fait le plus mal ? Quel est celui qui te laisse groggy, bon pour le compte, hébété. Quel est celui qui te donne le plus d'espoir ? Quelle est la plus cruelle des passions ? Celle vouée à la déesse de pierre ou celle portée à la déesse de chair ?
Et puis il y a les coups du sort. Les salingues coups que forge le destin, inexorable et définitive marque que finit par asséner la société. Les coups en vache parce que tout est joué d'avance. « Le hasard n'existe pas ! »
Le dernier roman paru de Christian Laborde, au titre qui évoque Léo Malet (Le soleil n'est pas pour nous) parle de ces coups-là.
Le soleil m'a oublié débute par une série de frappes sourdes et claquantes dans l'ombre d'une salle de sport pour laisser percer un espoir de douceur, une lueur ensoleillée dans la vie de Marcus, boxeur de dix-sept ans qui ne vit que de coups, parfois de mauvais, perpétués à la faveur de la nuit dans des villas délaissées.
C'est dans cet univers qu'il rencontre le soleil. Un soleil à deux faces. L'une a pour nom amour, l'autre littérature. Marcus aime Roxane, prénom prédestiné aux coups de foudre et aux amours contrariées.
Je ne vous dirai pas la fin. Au lecteur de faire son boulot de lecteur.
Pas de surprise, comme à l'accoutumée, il n'y a là que du bon, Laborde va vite et bien. Ce roman est enlevé, comme un match en quinze reprises rapides, sèches et âpres que l'on ne verrait pas passer. Dans Le soleil m'a oublié, on retrouve le style du puncheur où tout n'est que rythme et percussion, pas de temps mort, pas de reculade et pas de round d'observation. On y entend la rugosité d'un rap, mais de la douceur aussi. NTM et Police.  Ragging bull sans la graisse, on y voit la vie et le soleil, inaccessible.

Le soleil m'a oublié, Christian Laborde, éditions Robert Laffont, 2010. 16 euros.

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